Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
268 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR
me vois forcé de quitter la préfecture. » Signé : le Préfet.
Je connaissais particulièrement Jameron et je fus étonné de cette démarche; j’allai, indigné, dans la chambre de Dutour lui montrer cette lettre. Vers minuit, arriva un autre officier qui demanda encore à être introduit directement auprès du maréchal. Un quart d'heure se passe; l'officier sort et je reprends avec ma bougie cette dépêche qui contenait ce qui suit : |
« Chalon-sur-Saône, le. mars.
« Monsieur le Maréchal,
« J’ai l'honneur de vous informer qu’un bataillon du 76° régiment de ligne, qui escortait votre parc d’artillerie, vient de faire son entrée à Chalon, aux cris de Vive l'Emperereur ! La ville s’est insurgée aussitôt; ces troupes veulent, disent-elles, présenter cette artillerie au petit caporal, etc. . » Signé : le Maire.
En reprenant cette lettre, j'avais remarqué chez le maréchal une grande agitation, une impatience et un déplaisir qui me frappèrent; il trépignait dans son lit et murmurait. Bientôt après, un autre officier, envoyé par le général Pelgrin, vint annoncer au maréchal que le régiment de hussards, commandé par le prince de Carignan, avait arboré la cocarde tricolore, forcé les portes d’Auxonne, et s'était dirigé vers Dijon aux cris de « Vive l'Em-