Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 269

pereur! » et que la ville d’Auxonne avait repris les anciennes couleurs.

Un quatrième officier parut ensuite; il était déjà près de 4 heures du matin. Il apportait une dépéche du général Heudelet, commandant à Dijon, annonçant au maréchal que le prince de Carignan venait de faire son entrée à Dijon en proclamant l'Empereur, que le drapeau tricolore flottait à toutes les fenêtres, que partout sur la route régnait le plus grand enthousiasme, que la belle Garde nationale de Dijon était sous les armes, ayant repris sa cocarde, etc... Je remarquai que Ney, tout en restant au lit, était dans la plus grande perplexité. Je repris et lus toutes ces dépêches sur la table de nuit du maréchal, immédiatement après la sortie de ceux qui les apportaient.

Sur les 5 heures du matin, le 14, le marquis de Grivel parut avec des papiers et entra chez le maréchal; il était accompagné de deux hommes, vêtus en bourgeois, qui restèrent un instant près de moi. Je questionnai ces messieurs : ils m annoncèrent qu'ils arrivaient de Lyon et qu'on les avait arrêtés. Sur ce que je témoignais ma surprise de ce qu'ils venaient de Lyon, où était l'Empereur, ils me répondirent : « Mais, monsieur, nous avons lieu d’être fort surpris nous-mêmes de notre arrestation : tout est terminé; l'Empereur règne maintenant en France; les Bourbons ne sont plus à Paris: c’est une affaire arrangée avec les puissances.… L'Empereur a dîné à bord d’un vaisseau