Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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on ne passe pas! » Un officier de hussards, croyant que j'avais reçu l’ordre d'agir ainsi, se mit à côté de moi, et l’un et l’autre nous barrämes le passage. Alors nous entendîmes tous les officiers et soldats s’écrier : « Par ici le 25°, le 12°, le 8°! etc., etc. » Tous cherchaient à se rallier, et toute la nuit se passa au milieu de ces cris. Cependant quelques officiers généraux et autres voulaient forcer la consigne que j'avais imaginée : « On ne passe pas! » disais-je, et ils restaient. Je puis citer l’aide de camp de l'Empereur, Forbin-Janson, qui, malgré qu'il se dît blessé, fut forcé par moi de s'arrêter comme les autres.

Cependant, vers les 3 heures du matin, je me mets à réfléchir que l'Empereur a peut-être fixé le point de ralliement derrière la Sambre, et qu'il entre dans ses vues que l’armée y soit rassemblée avant le jour. Aussi, ne voyant point mon maréchal venir et pensant qu’il a gagné Charleroi, j'engage le commandant du régiment le plus voisin de moi à continuer son mouvement de retraite. Alors, toute la colonne rassemblée en ordre lève le camp et se dirige sur Charleroi. Je prends le galop; j'entre dans la ville : nouvelle débâcle plus épouvantable encore. Les soldats fuient; la terreur est à son comble ; on ne voit que casques, que fusils, que bagages abandonnés. L'Empereur ve-