Trois amies de Chateaubriand

102 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

oublié « pendant le cours de cette amitié trompeuse ».. « Ne portais-je pas à la créature un amour qui n’est dû qu’au Créateur1? » demande-t-il avec angoisse. Cette prière est touchante.. Mais on raconte que, plus tard, il la passa gentiment à Juliette Récamier, lorsqu'elle fut désolée pour la mort de Mathieu de Montmorency. N'était-il done pas jaloux de la tristesse qu'il avait eue, autrefois, pour la mort de Pauline de Beaumont?

Le 21 mars 1804, jour que mourut dans les fossés de Vincennes le due d’ Enghien, Chateaubriand, de retour à Paris, sortit de bonne heure « pour un souvenir qui lui était triste et cher », Il alla revoir, seul maintenant, un cyprès que Pauline, enfant, avait planté dans le jardin des Montmorin; naguère, en passant, elle le lui montrait. Maintenant les hautes branches de l'arbre, agitées par le vent, murmuraient à la fenêtre d’une chambre abandonnée. Du reste, Chateaubriand, de retour à Paris, avait revu et revoyait Delphine de Custine. Personne, à présent, ne le séparait plus de la reine des roses, ni Mme de Chateaubriand, revenue récemment et qui, d’ailleurs, ne la jamais séparé d’aucune dame, ni, en mémoire, Pauline de Beaumont.

4: Cette prière, qu’a publiée Mme Lenormant (assez mal, d’ailleurs) dans les Souvenirs et correspondance de Mme Récamier (tome IT, p. 210), est par elle donnée comme composée pour la mort de Mathieu de Montmorency. Je crois que M. G.:Pailhès a raison (Du nouveau sur Joubert, p. 526), quand il l’attribue à la fin de l’atfgée 1803 et lui prête l’occasion de la mort de Pauline. Mais il est probable que, l'ayant écrite ainsi, Chateaubriand JET communiqua plus tard à Juliette ; di.