Trois amies de Chateaubriand

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tions des autres! — les folies — les folies des autres! — avec une souple et chaste habileté.

Je la comparerais encore à une Pénélope, mais épouse d’un très nonchalant Ulysse et qui a réussi jusqu’à la quarantaine au moins le paradoxe de la virginité conjugale et amoureuse, comme l’autre le paradoxe de la fidélité; une Pénélope immaculée et plus coquette infiniment... Mais, comme l’autre faisait de la tapisserie, elle passait son temps, elle, à faire de fines reprises dans les cœurs qu'elle avait blessés, travail charmant!

Donnons un souvenir de respectueux étonnement à M. Récamier : on néglige trop les maris des femmes célèbres. Le mari de la du Barry était une abjecte canaille, à cause de tant de patience; mais il avait le goût, la passion de la respectabilité : il a dû bien souffrir. Le mari de Juliette semble avoir été un très honnête homme. Mais je ne comprends rien à lui.

Certes, il aimait Juliette, Tout le monde Paimait, qui l'avait vue. Et lui l'avait même épousée : il serait miraculeux et absurde que le seul homme qui neût pas été amoureux d’elle fût précisément lui, qui avait pris les devants. Il l’'aima { on en a la preuve, et poignante, dans les supplications qu'il lui adressa pour que, divorçant, elle n’épousât point lardent prince de Prusse. Peut-être faut-il supposer que, ne l’ayant pas eue, il ne vouiait pas non plus qu'un autre la possédât.. Et il y a de la douleur dans cette jalousie obstinée — et blanche!