Trois amies de Chateaubriand

MADAME RÉCAMIER 147

On a épilogué là-dessus avec des arguments physiologiques.. Je n’aime pas cela. Et puis survint René; nous le verrons.

Le temps gai, le temps voluptueux et immorai du Directoire, Juliette Récamier le passa, pius aimée que nulle autre, et pure, miraculeusement pure. Ni les hommes les plus élégants, ni les vifs militaires, les généraux éloquents, ni les Masséna, ni les Lucien Bonaparte, ni les plus fins aristocrates, ni les gens de lettres subtils, ni les artistes qui adoraient sa beauté, ne l’attendrirent. Idole innocente, “elle n’était pas émue. Les autres femmes, à cause d'elle, multipliaient les artifices d’une riche parure. La belle Mme Tallien, qui voyait, à un primidi, entrer cette conquérante, se levait inquiète et, pour rassembler ses admirateurs, n’avait que le temps de laisser choir de ses splendides épaules, de ses bras nus, de sa gorge parfaite, son shawl de cachemire souci foncét, Cette émulation ne tourmentait pas Juliette; mais elle souriait et, bientôt, dansait, plus joliment que personne.

Sûre de sa victorieuse beauté, elle affectait une simplicité rigoureuse. On ne la voyait pas autrement que coiffée d’un fichu de linon, placé toujours de la

4. Lettres de Cnarzes De ConsraAnT (Nouvelle Revue rétrospective, I, 1894, pp. 185 et suiv.)