Trois amies de Chateaubriand

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même manière, Une robe de mousseline léoère, avec un nœud de ruban, l’habillait à ravir et permettait qu’on vît qu’elle était de marbre vivant.

S'il faut le dire, il y a, dans ce roman de Juliette jeune, trop d’amoureux, et des redites autant que d’incertitudes. Arrivons au bel épisode, au jour où se rencontrent ces deux plus grandes coquetteries de tout le siècle, l'une très pure et l’autre non, ces -deux coquetteries fieffées, Juliette Récamier la déesse et René de Chateaubriand l’enchanteur,

Ils se virent pour la première fois en 1801 ; et c’est Christian de Lamoignon qui mena Chateaubriand chez Mme Récamier, laquelle demeurait alors rue du Mont-Blanc. Ils se virent. Seulement, René ne vit guère Juliette. René, à cette époque-là, était,assuret-il, « tout sauvage » encore. « J’osai à peine lever les yeux sur une femme entourée d’adorateurs?... » Cette farouche niaiserie, ensuite, ne lui dura guère. En tout cas, il semble que cette visite ne lui laissa pas un très vif et méticuleux souvenir; il dit dans les Mémoires d’outre-tombe : «Je ne me rappelle plus si ce fut Christian de Lamoïgnon ou l’auteur de Corinne qui me présenta à Mme Récamier, son amie. »

Un mois plus tard, le matin, Chateaubriand se trouvait chez Mme de Staël. Corinne était à sa

. Mme pe CHAstTEnAy, Mémoires, 1771:1815 (Plon, 1895),

Le I, p. 303. 2. Mémoires d'outre-tombe, tome IV, p. 15; voir aussi, tome VIIT,

p. 107.