Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 281

tique, mais un critique « désintéressé », — grâce à quelque indifférence, ayant placé ailleurs son intérêt. Après les semaines ou les jours de leur tendresse la plus vive, Hortense demeura l’amie de SainteBeuve, très gentiment et autant que le lui permirent les hasards d’une tumultueuse vie.

Il y a toute une série, abondante et gracieuse, de leurs lettres!, De jolies lettres. Hortense est à Herblay. Elle a lu le premier volume de Port-Royal. Ah! elle est enchantée. Elle est enchantée de voir Sainte-Beuve « dans les lettres pures, sans politique ou autre alliage ». Montaigne, Pascal, Jansénius, Saint-Cyran, tout cela lui plaît à l'extrême. Elle adore ces « grandes questions », car elle n’est futile qu’en réalité; son âme est sérieuse : — et même, elle aurait souhaité plus de renseignements touchant la grâce et l'Augustinus.

Elle comprend à merveille. Elle approuve le caractère de M. de Sacy, tel que Sainte-Beuve la peint. Et comme elle est spirituelle! « Voilà ( M. de Sacy) l'homme de Port-Royal, en cela qu’il ne lisait rien. Parlez-moi des hommes de PortRoyal qui ne lisaient rien : ceux-là, j'y crois. Les autres sont des bêtes ou des menteurs, Pascal un malade... » Cela est un peu niais. Mais il faut qu'on sache qu’Hortense Allart était libre-penseuse et an--

1. C’est M. Léon Sécré qui les a trouvées et publiées : Hortense Allart de Méritens (Paris, 1908): et Hortense Allart de Méritens, Lettres inédites à Sainte-Beuve, 1841-1848 (Paris, 1908).

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