Trois amies de Chateaubriand

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tins. Pour la recherche des renseignements, Hortense ne lui fut pas inférieure. Elle sacrifia même à cette tâche sa réputation et sa dignité, car elle avait beav” coup de zèle.

Si l’œuvre d'art est une fin, comme le veulent les philosophes, Sainte-Beuve en tout cas l'utilisa comme un moyen... Hortense, Hortense, qui était pour vous la fin, des Martyrs ou de Chateaubriand?.… D'abord, on affecta de penser qu'il fallait expliquer l’œuvre au moyen de l'homme; et puis, l'œuvre ne fut qu'un document très utile pour la connaissance de l'homme. La critique devint, comme on la dit, une sorte d'histoire naturelle des esprits. Telles furent l’idée et la méthode de Sainte-Beuve et d'Hortense Allart, ces précurseurs.

J'accorde que, bien souvent, les littérateurs se montrent un peu plus qu'il ne faudrait. Les poètes surtout ne sont pas bien discrets. C’est leur plaisir de raconter ce qu'il leur advint d’amoureux. Et ils disent, en vers, si la dame est brune ou blonde, si elle leur fut longtemps sévère ou vite obligeante, si elle les trompa, si elle les déçut et comment elle se nomme. Les poètes n’ont pas beaucoup de retenue. Ils disent tout ; oui, au moins tout.

C’est une faute d’art. Une belle œuvre d'art enveloppe une individualité; elle ne F exhibe pas.

L'œuvre d'art est une chose; et l’histoire naturelle des esprits en est une autre... Voilà pourquoi, Hortense, vous auriez pu lire Atala et Volupié sans au

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