Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 293

cunement sacrifier à Chateaubriand ni à SainteBeuve le trésor de votre modestie.

Sainte-Beuve fut votre maître. Il vous enseigna sa méthode; et vous, — ah! consciencieuse comme on ne l’est pas! — vous avez suivi sa méthode jus qu'à l'absurde.

Je crois que vous admiriez les livres de Chateaubriand. Mais vous leur préfériez encore sa correspondance. Et il vous plut de recevoir de lui maintes lettres. Vous les publiâtes. Vous aviez tout fait pour que fussent extrêmement intéressantes et attrayantes les lettres qu’il vous écrirait, — tout! Ah! vous l'avez bien connu!... S'il ne vous fallait que cela, vous n’avez pas perdu votre temps, avec lui!

De nos jours, il paraît qu’on ne lit guère. Ce sont les romanciers et les poètes qui l’affirment, ou qui s’en attristent secrètement. Mais on lit beaucoup les Mémoires, les Correspondances. Là, au moins, il y a des potins!

« Et tout le reste est littérature! » disait le pauvre Verlaine. Non, tout le reste n’est pas de la littérature. Hélas, non! Mais je crois que nos contemporains ont l'horreur de la littérature et de l’art. Ce divertissement magnifique a cessé de plaire. Une jolie phrase n’est plus une consolation appréciée; d’ailleurs, notre époque n’a pas besoin de consolation : elle est effrontément optimiste. Elle se figure qu’elle va régénérer le monde au moyen de la sociologie. Elle sacrifie tout à la sociologie. Et, le plus comique, c’est que la sociologie demeure en

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