Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 317

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Maintenant, elle repose, dans le cimetiére de Bourg-la-Reïne, auprès de ses deux fils, Henri-Diodati Allart et Marcus-Napoléon Allart. La pierre est basse et fleurie de lichen1.

Juliette Récamier dort au cimetière Montmartre; la tombe est simple, surmontée d’une croix.

Les restes mortels de Pauline de Beaumont sont à Rome, dans l’église Saint-Louis-des-Français, Il paraît que des doigts de marbre sont cassés, à la petite main de sa statue endormie.

Et les cendres de René sont encloses dans la simplicité fastueuse du tombeau qu’il s’est fait creuser, de son vivant, à même le roc, dans l’ile-du GrandBé que battent les vagues, ses éternelles et ses gémissantes amies.

Aïnsi, toutes ces âmes ont retrouvé leur solitude. Elles ont essayé, le temps de la vie, de sortir de cette solitude qui est peut-être naturelle à chaque individualité humaine. Une ferveur les anima. Elle venait de ce foyer prodigieux, René, l'ennui, l'amour et le génie. Et puis, tout cela dort, d’un grand sommeil définitif, après le remuement, le plaisir, la douleur et la fièvre. Tout cela dort. Et les petites anecdotes que racontent, pour se divertir, de fragiles vivants ne troublent pas cet immense repos.

1. LÉON SÉCRÉ, Hortense Allart de Méritens, p. €.

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