Trois amies de Chateaubriand

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316 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

Il n’était pas la troisième sympathie d’Hortense : son chiffre est plus élevé; loyale et un peu cynique comme elle le fut, on ne se figure pas qu’elle lui aït caché tous les précurseurs, moins deux, qu'il avait eus. Alors, pourquoi ce dogmatique trois? Hortense a bien raison de protester contre tant d’arbitraire. « C’est trop de deux, madame! » s’écriait Ruy Gomez de Silva, grand maître de Saint-Jacques et de Calatrava, vieillard dépourvu de clémence. Hortense se fâche. Elle ne veut pas qu’on « mette des nombres »; et elle conclut : « Voilà ma morale, voilà ma morale, voilà ma morale!.. »

Son tort n’est que d'appeler cela une morale. Suivre la nature, ou mieux sa nature, n’est pas une morale. Une morale est toujours un empêchement. Mais Hortense ne pouvait pas souffrir les empêchements. C’est à merveille, Seulement, cette ardeur, ce bel entrain, cette fougue, ne disons pas que c’est une morale; ne le disons pas trois fois, car c’est trop d’insistance, en vérité.

La fin de sa vie fut édifiante.

M. Thiers l’appelait « ma très ancienne amie »; et il lui fit avoir une petite pension d’un millier de franes. Avec cela, elle s’en alla demeurer à MontThéry : une petite maison, près de la tour, fut son refuge. Elle trouva le moyen d’être, avec ses mille francs par an, charitable et bonne, jusqu’à sa mort, qui survint le 28 février 1879.