Trois amies de Chateaubriand

332 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

de Chateaubriand, qui passait du nihilisme au dogmatisme, de chercher à connaître comment le philosophe opérait ce passage de la négation à l’affirmation. On dira qu'il n’avait pas besoin de cela, ayant renoncé aux doctrines de l'Essai. Tout de même, son apologie chrétienne, il la destinait à des gens qui avaient à passer de la négation à laffirmation. Ainsi, le procédé dialectique de Kant pouvait lui être utile.

Sa négligence, là-dessus, est caractéristique.

Comme il est le père de la littérature de tout un siècle au moins, c’est grave, cette méconnaissance de la philosophie. Elle a continué.

Or, qu'un Corneille ou un -Racine soit, ou non, au courant de la philosophie ancienne et contemporaine, cela m'est bien égal, parce que ses écrits sont d’un ordre purement littéraire. On a dit que les écrivains de la seconde moitié du dix-septième siècle avaient subi profondément l'influence du cartésianisme : peut-être; et ce n’est pas évident; et, surtout, qu'importe? Mais les écrivains du dix-neuneuvième siècle se sont, pour la plupart, souciés de Littérature, sans doute, et aussi de tout autre chose : ils ont eu des prétentions philosophiques, sociologiques et politiques. Donc, ils gagnaient à ne pas demeurer dans l'ignorance des systèmes, des dialectiques anciennes ou récentes, Et, faute de s’être renseignés, ils n’ont, en somme, rien fait que de médiocre, dans l’ordre de la pensée philosophique : — je parle des littérateurs, bien entendu, et non des