Trois amies de Chateaubriand

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bué à remettre en faveur, lui a été une discipline dont il avait besoïn. Sur la question de sa sincérité religieuse, on a lancé des polémiques misérables. L'essentiel est qu’il a retrouvé, dans le sentiment religieux, l'usage d’une vie réglée selon la tradition de sa lignée et de son enfance.

Mais le principe véritablement organisateur de sa vie fut de qualité païenne : son vif et passionné souci de l’art.

Son art est païen, encore qu’il ait voulu, dans Le Génie du Christianisme, démontrer que l'idéal artistique des chrétiens l'emporte sur celui des païens. Le sentiment qu’il a eu de la beauté n’est pas chrétien : cette beauté n’est pas intérieure ni morale; mais elle est toute extérieure et plutôt sensuelle que spirituelle, Lignes, couleurs, sonorités, voilà ce qui la compose; et elle est le splendide ornement d’une pensée qui, souvent, ne vaut point sa parure. Beauté païenne, oui; mais, plutôt encore, beauté double, mêlée de paganisme et de christianisme, : Comme les deux religions coïncident dans le poème des Mariyrs et, sous prétexte d'y rivaliser, y unissent leurs agréments, leurs charmes, leurs significations attrayantes, ainsi la beauté chrétienne et la païenne sont assemblées dans l'idéal d’art de Chateaubriand. Et son art est le triomphe de son imagination prodigieuse .