Trois amies de Chateaubriand

TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND 341

« L’Amour? Il est trompé, fugitif ou coupable... » Ah! là-dessus, il a sa personnelle rêverie, le souvenir de ses ferveurs, de ses trahisons, de sa frivolité, de ses fautes qui ont réduit ses amours en poussière.

Son art, tout plein de sa chimère voluptueuse, est le moyen désespéré qu’il trouva pour sauvegarder et pour mettre à l’abri de la perpétuelle mort ses minutes les plus précieuses.

Et Pauline de Beaumont l’initia délicatement aux finesses de l'amour; Juliette Récamier l’installa dans la douce habitude d’une amitié amoureuse; Hortense Allart, plus dissipée, l'amusaïit.

A propos de l’orageuse passion qui tourmenta délicieusement Armand de Rancé et la jeune duchesse de Montbazon, Chateaubriand, vieux, a écrit : « Il y a un silence qui plaît, dans toutes ces affaires, aujourd’hui si complètement ignorées… Quand vous remueriez ces souvenirs qui s’en vont en poussière, qu'en retireriez-Vous, sinon une nouvelle preuve du néant de l’homme? Ce sont des jeux finis, que des fantômes retracent dans les cimetières avant la première heure du jour... »

Charlotte Ives, Pauline de Beaumont, Delphine de Custine, et vous, petite comtesse de Noailles, qui prîtes en Espagne le nom poignant de Dolorès; et vous, plus raisonnable duchesse de Duras; et Juhette Récamier; puis encore, vous, Mme de C..., Hortense et d’autres, vous aussi dont les noms disparurent, — fantômes, fantômes qui jouez dans les cimetières avant la première heure du jour, —fallait-il craindre

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