Trois amies de Chateaubriand

APPENDICE 305

livre avec modestie, sentit passer le succès. Alors, elle porta ses Enchantements chez un bon éditeur, l’artiele de George Sand en guise de préface : et tant pis pour Chateaubriand!... Scandale. Armand de Pontmartin ne fut pas content. Barbey d’Aurevilly non plus, qui écrivit : « Que je plains sincèrement, mon Dieu! les maris, les fils ou les filles des femmes (si elles en ont) qui écrivent de ces livres-là. » Mme de Méritens avait un fils, Marcus Allart, qui envoya ses témoins à Barbey. Barbey refusa de constituer les siens. Alors, Mareus se rendit au Constitutionnel, y trouva un rédacteur quelconque, tapa dessus, passa en correctionnelle et fut condamné à un mois de prison, plus deux cents francs de dommages-intérêts. Il avait agi sans discernement.

Gino Capponi, qui de 1826 à 1829 avaït eu les faveurs de la dame, recut Les Enchantements, se souvint du passé, quarante-quatre ans après, ne fut pas jaloux et, bienveillant, écrivit qu’il avait lu ce livre « avec avidité ». Puis, poliment, il comparait les confessions d’Hortense à celles de saint Augustin. Voici : « Saint Augustin commence son livre par une prière, vous avez fini le vôtre par des prières qui sont très belles; cela aussi a son mérite. » Évidemment! Et, si la jolie Hortense avait prié, de 1826 à 1829, au lieu de différer cet exercice pieux, on devine que, frustré alors d’une tendresse fort aimable, Gino Capponi n'aurait pas pris sa revanche en 1872.

Hippolyte Passy se souvint de sa jeunesse, déjà lointain, et l’appela « le temps d’aimer ». Puis il fit une allusion discrète à « la multitude des filles d'Êve ». Et, Êve, il la nomma « notre grand’mère à tous », ce qui est incontestable et facétieux. t . Antoine Passy, frère aîné d’Hippolyte, écrivit à son tour : « Vous avez rencontré trois fois des hommes qui ont donné raison à votre méthode expérimentale à priori, contraire à celle de Bacon; c’est très bien, » Ce