Trois amies de Chateaubriand

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dans ces lignes passionnées et qu’on la connaît ici en vérité, aussi malheureuse que le fut une femme, mais ardemment désireuse de joie, prompte à imainer une félicité merveilleuse et, quand tombait l'illusion, rapide à bien comprendre « ce que c’est que lenfert ».

Lorsqu'elle subissait ainsi de durs accès «de fièvre morale », le pauvre et bon Joubert la prêchait. Il tâchait de lui dénigrer les « passions de l'esprit » : il n'y a rien, lui disait-il, qui soit « plus ennemi du bonheur, ainsi que de toute sagesse ». Il ajoutait : « Ayez le repos en amour, en estime, en vénération, je vous en supplie à mains jointes; c’est, je vous assure, en ce moment, le seul moyen de ne faire que peu de fautes, de n’adopter que peu d’erreurs, de ne souffrir que peu de maux... » Du reste, il accordait à cette pessimiste que « le monde est livré au hasard »; mais, à cause de cela, il lui voulait enseigner une philosophie quiète et, au bout du désespoir, agréable”: Ce sont peut-être, ces années du siècle finissant, les plus attachantes et, en somme, les plus heureuses qu’ait passées sur la terre, qui n’était pas sa vraie patrie, l'âme angélique de Joubert,

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En 1799, Mme de Beaumont vint à Paris; et elle s’occupa de son divorce. Joubert l'engageait à hâter

4. Id., p. 107 ({er octobre 1797). 2. Jousenr, {. L., 26 août 1797, tome Il, p. 264.