Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 63

l'affaire; à ce propos, il lui adressait la lettre la plus tendre, la plus inquiète, — disonsde, la plus amoureuse. « Êtes-vous bien démariée? Il me reste sur ce point une incertitude qui arrête et tient en suspens tous les mouvements de ma joie...» Commeilsouhaite de la savoir libre de porter « un nom qui lui aura toujours appartenu.»! Quel sera ce nom? Il ÿ songe; il choisit. Pauline de Montmorin est « bien joli et bientôt dit »; mais «Mme de Montmorin » ne se peut accepter : (Vous auriez l'air de n’être qu’une de vos parentes,une Montmorin par alliance et par hasard, une Montmorin comme une autre. » Alors, il a une idée, une idée qui l’enchanterait et sur laquelle, pour cela, il n'ose pas irop insister; voici : Mile de Montmorin.. Et lon devine le subtil plaisir qu’il éprouverait à ce que Pauline de Beaumont, qu’il aime comme une âme, redevînt une sorte d'âme parfaitement pure, une jeune fille : mademoiselle !.… Mais, vite, il a peur de ce qu’il a hasardé. Alors, que Pauline de Beaumont soit désormais Mme de SaintHérem : « au couvent que vous aimiez tant, on vous appelait Saint-Hérem; une madame de SaintHérem est une Montmorin voiléez, »

Or, à ce moment où il désirait de lui voir prendre le voile, ce voile que serait pour elle son nom de couventine, la jeune femme allait s’évader.

Nous ne savons absolument rien de ce qu’éprouva Joubert lorsqu’entra dans la vie de Pauline de Beaumont cet enchanteur et ce conquérant moins discret, Chateaubriand, Un Joubert, de tels sentiments