Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 65

était paisible et jolie. Comme les circonstances

s’adoucissaient, il y avait une sorte de tranquillité, heureuse déjà et charmante, une sécurité un peu étonnée, dans cette assemblée élégante, des et qui recommençait à sourire.

Donc, un soir, Joubert présenta Chateaubriand à Pauline de Beaumont... Enfin, leurs destinées se sont jointes, après avoir subi des tribulations ana- logues, Leurs destinées allaient, divergeant, les éloignant l’un de l’autre, se jouant d'eux... Et les voici enfin tous les deux en présence. Se reconnurent-ils tout de suite?

Ils avaient trente-deux ans l’un et l’autre. Il faut

se figurer ce Chateaubriand, jeune etplein deflamme,

auréolé de ses malheurs, de ses aventures, de sa célébrité commençante, et qui déjà « porte son cœur en écharpe », et qui s'ennuie, mais d’un ennui que son génie éclaire. Il n’est pas grand, ses épaules sont hautes; et les envieux le disent un peu bossu. Mais la tête est magnifique; les yeux rayonnent chaudement et la grâce gaie des lèvres anime toute la physionomie. Îl est ardent; il a besoin de gloire. Surtout, il a la passion de plaire aux douces femmes.

Et Pauline de Beaumont? En vérité, les portraits qu'on a d'elle, — celui que j'ai dit et qui est de Mme Vigée-Lebrun, et puis une petite miniature, — ne réalisent pas tout son charme. Même Si, trait pour trait, ils sont ressemblants, ils n ‘indiquent pas l'attrait singulier qu’elle avait.

Chatel mais beaucoup plus tard, nous’ 6,