Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BKAUMONT 74

qu’on peut faire de meilleur, et sa tâche sera remplie. Le reste sera l’œuvre de la religion... » Pouvaiton mieux et plus délicatement formulerle programme d’une nouvelle apologie chrétienne et, par anticipation, définir Le Génie du Christianisme, en deviner le caractère, la puissance persuasive, la faiblesse dialectique, enfin la valeur totale ?

Mais Chateaubriand veut des livres. Il les veut tout de suite: et, sans retard, il les a. Ce sont les Leiires édifiantes, V Histoire de la nouvelle F rance, l'Histoire ecclésiastique, les huit volumes des Moines, etc... Dans l'Histoire ecclésiastique, à « s assure de la hiérarchie », Il utilise principalement les Lettres édi fiantes, les récits des missionnaires et Les Moines.

Et 1l en fait un tel usage prestigieux que Pauline de Beaumont s’émerveille.. « Ce qui me confond, dit-elle, c’est le parti qu'il a tiré des huit volumes des Moines, de ce fatras si sec, si aride, et qui m'a si mortellement ennuyée... »

La pauvre gentille femme lit tout cela,etl’annote, et l’analyse, et y copie des citations. Ce sont des livres assommants. Il faut tout son obligeant amour, pour la soutenir dans cette épreuve. Et puis, l’enchanteur prend ce fatras, y met le feu, d’une étincelle de son génie; et ce fatras flambe avec magnilicence. La pauvre gentille femme n’en revient pas! :

Elle écrit à Joubert : « Il y a véritablement là une sorte de miracle; et le secret de l’enchanteur est de s’enchanter lui-même. Il n’a l'air d’avoir fait que ras-