Trois amies de Chateaubriand

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74 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

Pavant. Mais il a subi l'influence, le charme et la tendresse de la jeune femme malade et aimante qui était auprès de lui. J’attribue à Pauline de Beaumont la délicate et la mélancolique poésie, qui est le plus subtil parfum du Génie du Christianisme. Telle est sa gloire, à elle aussi.

Aïnsi, des doigts amoureux travaillaient assidûment à restaurer le culte. La religieuse besogne était parfois interrompue de rêveuses promenades.

La nuit, par les fenêtres ouvertes du salon, Pauline regardait les étoiles. Elle les nommait à René; elle Jui disait qu’un jour il se souviendrait d’avoir appris par elle à les connaître. Et ils restaient ainsi, longtemps.

Et Pauline de Beaumont récitait à Chateaubriand des vers d’André Chénier, des vers qu’on ne connaissait pas encore et qu’elle avait elle-même copiés ou écrits sous la dictée du poète, autrefois, au temps où se groupait autour d’elle une société de nouveaux Athéniens. C’était, par exemple, Myrto la jeune Tarentine, où Néère ou Chrysé, ou quelqu’une de ces élégies dont la plainte mélodieuse se prolongeait, après la mort du poète, par la voix d’une muse, ellemême mourante,

La demi-année que passèrent à Savigny Chateaubriand et Pauline de Beaumont fut, pour celle-ci, très douce et alarmante; pour celui-là, très douce, je crois, et très féconde. Il travaillait, et Pauline de Beaumont se dévouait à ce travail de amoureux sublime, à son humeur variable, aux caprices de son