Trois amies de Chateaubriand

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16 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

le Marais doit fondre ici à dîner ou à déjeuner, et une lettre doit avertir du jour, qu’enfin il faut savoir. » Elle ne se plaint pas davantage; mais le ton de la phrase et quelques mots, de place en place, indiquent assez que tout cela l’ennuie et qu’on lui trouble à son regret, l’'amoureuse intimité qu’elle aimait.

Au Marais, le baron de Frénilly les rencontra... « Chateaubriand, écrit-il dans ses Souvenirst, était venu au Marais tête à tête avec sa maîtresse, qui ne s’en cachait guère. C’était la petite Mme de Beaumont. vive, d’ailleurs, spirituelle, assez originale, très philosophe? » Évidemment, Chateaubriand la compromit ; et elle se laissa compromettre, avec audace, avec désinvolture. Ne venait-elle pas de divorcer? Elle était libre; et elle aimait. Je la devine, brave et quasi provocante, un peu jalouse, craintive de perdre sa conquête, et fière; je crois qu’on la devine aussi théoricienne déjà des droits de Pamour, des privilèges du génie, et forte de la dialectique industrieuse que le romantisme prodiguera pour la grande commodité de divers amants.

Au milieu d’une jolie vallée, devant les cours du château de la Briche, il y avait une belle pièce d’eau, encadrée de peupliers d'Italie. On appelait le Mi-

4. Souvenirs du baron de Frénilly, p. 249.

2. Frénilly ne dit pas de quelle époque est ce souvenir. Il le raconte dans son sixième chapitre, daté de 1798-1799, date qui évidemment ne convient pas pour ces lignes, Chateaubriand n'étant revenu en France qu’en 1800. La véritable date de cet épisode est fournie par la lettre de Mme de Beaumont que cite

Pauz DE RAyNaAL (Les correspondants de Joubert, p. 138), et qui est. du 19 septembre 1801,