Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 71

roir; et plus d’une y mira sa beauté, le visage de son bonheur ou de sa tristesse. Frénilly raconte que la petite comtesse de Beaumont, presque poitrinaire, habillée de percale, « la tête nue tondue à la Titus », «lait faire, « au serein », le tour du Miroir. On lui disait :

— Vous jouez à vous tuer!

Elle répondait :

— Qu'importe?

Pourquoi? et d’où lui vient le déplaisir que suppose une telle parole? A-t-elle senti, dès ce commencement de son amour, la terrible frivolité de l’enchanteur? ou bien sait-elle que sa vie sera courte et neveut-ellepasla ménager? Jel’imagine un peu nietzschéenne déjà et curieuse de vivre dangereusement.

Ces facons-là seront, plus tard, imsupportables; et plusieurs de nos contemporaines les ont rendues bien ridicules. Ce n’est encore, ici. que le début de cette ardeur à la fois nerveuse et philosophique : le début a quelque agrément.

Au bout de sept mois, Chateaubriand avait assez de Savigny. Les deux amants revinrent à Paris. L'un d’eux aimait avec nonchalance, maintenant. Oa l’appelait dans les châteaux. Et il allaït à Champlâtreux, à Fervaques; Mme de Clermont-Tonnerre l'invitait, la duchesse de Châtillon. C'était à qui aurait chez soi cet écrivain tout à coup célèbre. Il passait quelques jours à la campagne chez Mme de Vintimille.. Et, désormais, il n’emmenait plus Pauline de Beaumont.