Trois amies de Chateaubriand

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18 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

Elle s’attriste, cependant. Elle va passer les jours de sa solitude à Luciennes, chez Mme Hocquart. Mais « la campagne est desséchée et la société l’ennuie ».. Elle écrit : « I n’y a plus qu’une société pour moi. » C’est évidemment René, l’ingrat qui s’absente et la laisse. Elle ajoute : « La pauvre hirondelle », — c’est le nom que lui donnait la petite réunion d'amis de la rue Neuve-du-Luxembourg, «la pauvre hirondelle est dans une sorte d’engourdissement fort triste. »

Et puis, afin de poursuivre une contrefaçon de son ouvrage, René fait encore un voyage, à Lyon, cette fois, Et puis, on lui offre une place de secrétaire d’ambassade à Rome : il est tenté de l’'accepter; même, il la désire! L’hirondelle se désespère.

Il est à Lyon; bientôt, en Avignon. Mais il reviendra par la Bretagne. Il écrit à Chênedollé : « Ne manquez pas d'écrire rue Neuve-du-Luxembourg, pendant mon absence; mais ne parlez pas de mon retour par la Bretagne. Ne dites pas que vous m’attendez et que je vais vous chercher. Tout cela ne doit être su qu'au moment où l’on nous verra tous les deux. Jusque-là, je suis à Avignon et je reviens en.droite ligne à Parist. »

Bref, il s’éloignait de l’hirondelle et, pour éviter

4. Lettre du 15 octobre 1802, citée par Sainte-Beuve, qui l’a trouvée dans les papiers de Chênedollé. (Chateaubriand et son groupe littéraire sous l'Empire, tome IT, p. 196.) M. E. Biré, dans son édition des Mémoires d'outre-tombe (tome II, p. 307), mentionne cette lettre. Mais il aime beaucoup trop Chateaubriand pour ne pas supprimer la perfide petite phrase.