Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 19

les désagréments, il lui racontait et lui faisait raco ter des histoires.

Pourquoi donc allait-il en Bretagne? Il allait voir sa femmel.. Quoi? Mais, oui; comme il voulait entrer dans la diplomatie, l’idée lui était soudain venue d’organiser son existence d’une manière un peu réguhère, Il se disait qu’il serait peut-être ambassadeur, l’un de ces jours ; et 1l songeait à l’ambassadrice. Ce sentiment d’une respectahilité tardive, on aurait tort de le lui reprocher. Mais, en tout cela, Chateaubriand pense à lui, —et à lui seulement: il fait beaucoup de peine à l’hirondelle,

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Elle aurait eu bien plus de peine, si elle avait su au lieu de le soupçonner — tout le détail de ceci : René la trompait.

Il s’était épris d’un nouvel amour : la marquise Delphine de Custine lui plaisait alors extrêmement, |

Il semble que ce fut une très charmante femme. Elle avait trente-trois ans et elle était fort jolie. De longs cheveux blonds, fins, fous et admirables, Chateaubriand, dans ses Mémoires, l'appelle « héritière des longs cheveux de Marguerite de Provence, femme de saint Louis, dont elle avait du sang ». Chevelure « de soie », en somme, Des dents magnifiques. De la coquetterie et de la sauvagerie; des façons mutines et mélancoliques ; une fine intelligence; de la patience et de la jalousie; un teint de blonde,