Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

TRAVAIL À L'INTÉRIEUR DE LA FRANCE (1793-1795). 119

fallait pour le rendre ce qu'il est réellement, et pour qu'on n'en doutàt pas (1). »

Cette correspondance était à citer et à retenir, en vue du conflit qui renailra treize ans plus tard entre Puisaye et d'Avaray, et où d’Antraigues sera, celte fois d'accord avec le premier, l'adversaire impitoyable du second.

Vers la fin de 1795, les espérances du cabinet royal se concentraient sur Charette. D'Antraigues fit en sorte d'être l'intermédiaire unique, indispensable, entre le chef vendéen et Louis XVIII. Ici encore il y avait lutte d'influence entre la coterie espagnole et la coterie anglaise. Charette, victime de ce conflit, se voyait octroyer en même lemps par Louis XVIII un brevet de généralissime, et par le comte d'Artois un brevet de général en chef que trois autres partageaient avec lui : d'ailleurs au-dessus de ces misères, et se disant toujours content, pourvu qu'il pût défendre sa cause. Devant ses juges, interrogé s'il n’était pas en correspondance avec Vérone : « Je n'ai jamais recu, dit-il, qu'un chiffon de d'Antraigues. » Il y eut davantage, une série de lettres dont la plupart nous sont parvenues. Nous ignorons si, comme on l'a dit, Charette fit passer par la voie de Venise d'assez dures vérités à son maitre; mais nous savons que d’Antraigues avait imaginé de lui envoyer un homme à sa dévotion, auquel il aurait lui-même donné des lettres de créance. Cette nouvelle intrigue se soutint quelques mois à peine, et fut brisée par la capture et l'exécution de Charette.

Dix ans plus tard, l'intermédiaire de cette inutile cor-

(1) D'Avaray à d'Antraigques, 27 août 1795. (Papiers de Puisaye, vol. LXXXV, Fe 221. — B. M.) —D'Antraigues à d’Avaray, 31 août 4795. (A. F., France, vol. 588, f 85.)