Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

120 CHAPITRE TROISIÈME.

respondance revenait avec amertume sur ces tristes affaires, et pour accuser les maladresses et les hypocrisies du cabinet royal : « Il ne restait d'asile à la royauté qu'en Vendée; ce moyen eût pu en devenir le salut; on ne l’a pas voulu. Oui, je le dis, l'Angleterre ne l’a pas voulu lorsqu'elle le pouvait, et elle l'a tenté lorsqu'elle ne le pouvait plus. Louis XVII n'a jamais voulu y aller, quoiqu'il ait dit le contraire, ét la jalousie de ses entours n’a jamais permis que d’autres membres de sa famille y allassent. Enfin, on a trompé, on a égorgé, avec de fausses promesses et des intrigues, tout ce parti de la Vendée. On a vu, par les papiers saisis sur mon ami le général Charette, et imprimés, que j'étais son seul correspondant près Louis XVIIL. On a vu que je n'ai pu y faire agir ni empêcher d'agir, et que j'ai prévu sa mort, et qu'il l’a attendue, sachant qu'elle arriverait, mais ne voulant plus vivre dans un siècle qu'il avait appris à mépriser (1). »

IV

D'ANTRAIGUES ET SES ENNEMIS.

L'envie s’altaque promptement et avec succès aux dominations qui sont le fruit, non du courage ou de l'éloquence, mais de l'intrigue. D'Antraigues avait pour lui l’activité, la facilité de plume, une réelle dextérité à s'imposer aux hommes, d'autant plus qu'il était un vaincu plein de confiance et d'illusions, au milieu de

(1) Mémoire du 16 novembre 150%, au prince Czartoryski.

(A.P.)