Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

136 CHAPITRE QUATRIÈME.

le traité que la cour de Naples subit à Paris même (10 octobre 1796).

D’Antraigues n'était pas plus heureux dans ses essais pour débaucher les troupes françaises. C'était une idée arrêtée chez les chefs de l'émigration qu’ils ne viendraient à bout de la Révolution qu’en attirant à eux les généraux républicains, ceux qui leur donneraient les armées, et par les armées, de gré ou de force, le reste de la nation. L'année précédente, partie avait été liée avec Pichegru sur le Rhin, et on se promettait de grands résultats de cette négociation. Il était naturel de vouloir tenter le vainqueur d'Arcole, depuis peu le plus illustre et déjà le plus puissant. Louis XUIIL et le duc de La Vauguyon envoyèrent à l'agence de Venise l'ordre formel de s'aboucher avec Bonaparte et ses principaux lieutenants (1). D'Antraigues était fait mieux que personne pour semblable besogne; mais il avait affaire à un homme trop confiant dans sa propre fortune pour obtenir de lui quelque promesse où même une réponse à ses insinuations. Il crut avoir beaucoup fait en se procurant et en se conservant les moyens de l'aborder.

Tout se borna à une correspondance avec un sien compatriote qu’il cache sous le pseudonyme de Boulard, jadis avocat, dit-il, dans une bourgade du Vivarais, alors général à l'armée de Bonaparte. Les lettres du soidisant Boulard ne nous sont connues que par de rares extraits communiqués depuis à d’autres par d’Antraigues; elles apportent quelques échos des conversations de

parte le 22 septembre : « Les fous appellent cette ligue la dernière ressource de l'Italie. » (Daru, Histoire de Venise, %° édit., t. VIT, p. 229.)

(4) Louis XUHIE à d’Antraigues, 27 octobre 1796. (A LE France, vol. 609.)