Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
MONTGAILLARD (1796). 141
d'Antraigues, et disparut à son tour au mois de mai 1797 (1).
Ce que Montgaillard avait dit sans réserve à d’Antraigues, il l'avait fait entendre (cette réserve entrait dans son double jeu) à Lallemant, et le Directoire, averti plutot qu'instruit, avait cherché avec ardeur en France et en Italie la trace des menées royalistes. Au printemps de 1797, l'agence royale de Paris fut découverte. Duverne de Presles, dans ses déclarations, livra les secrets de la correspondance de Venise, et d'Antraigues put dès lors pressentir à divers indices le péril qui le menaçait.
Bonaparte, tout en battant les généraux autrichiens, n'oubliait pas ceux qui aiguisaient à l'écart, au seuil des chancelleries, les armes de la coalition. Sur sa demande impérieuse, Mallet du Pan, mal protégé par la neutralité helvétique, était chassé de Berne ; Drake se dérobait prudemment à l'approche des Français et se réfugiait à Udine. Bonaparte était également au fait des menées de d'Antraigques; il avait déjà intercepté ses lettres, et soit par Lallemant, soit par Montgaillard, il avait dû apprendre qu'entre les mains de cet émigré devaient se trouver les secrets et les preuves de la « conspiration royale ». C'est de son cabinet que semble parti un ultimatum menaçant présenté le 9 avril par les patriotes de Venise à leur gouvernement. D'après cette pièce, la première mesure à prendre était l'arrestation de d’Antraigues, la saisie de ses papiers, « en relâchant ensuite sa personne », la consignation desdits papiers entre les
(1) Fauche-Borel a raconté l'histoire des relations de Montgaillard et de d’Antraigues dans une longue note de son livre (Précis de mes opérations, ete., p. 52-62), et donné les Pièces justificatives de cette note dans sa Notice sur les généraux Pichegru et Moreau, p. 117-159.