Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
L'ARRESTATION. — LE PORTEFEUILLE (1797). 143
En restant émigré, exposé en Italie à la vengeance de ses compatriotes républicains, il se préparait les épreuves non moins inattendues dont on va lire le récit.
Il
L'ARRESTATION. — LE PORTÉFEUILLE (1797).
L'invasion des États vénitiens et la destruction de la vieille république eurent lieu au mois de mai 1797.
Dès le mois de janvier, d’Antraigues, pressentant les événements, avait sollicité pour l’année suivante un asile en Russie. L’armée française approchant, il dut songer peu de temps après à mettre en sûreté sa personne et ses papiers. À la légation de France, il le savait sans doute, on le considérait comme ayant organisé « les croisades religieuses, les soulèvements, les assassinats de la TerreFerme, les massacres des hôpitaux (1) », tout ce qui donnait prétexte aux menaces de Bonaparte, et on guettait ses correspondances comme une importante conquête. Le chargé d’affaires Villetard, qui en cette affaire parait avoir montré beaucoup d'initiative et d'activité, poussait le gouvernement vénitien à les faire saisir, sauf à déclarer ensuite à Pétersbourg qu'il avait fallu céder à la force (2). Le tumulte démocratique du 12 mai, qui précéda seulement de quatre jours l'entrée de nos troupes, empêcha Villetard de tenter cette soustraction par ses propres moyens.
(1) Movreairraro, Mémoires secrets, p. 119. (2) Villetard à Delacroix, 17 floréal an V (6 mai 1797). (A. F., Venise, vol. 253, £ 190.)