Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
L'ARRESTATION. — LE PORTEFEUILLE (1797). 145
nadotte, le signalement de l'homme qu'il voulait à tout prix atteindre.
Le 16 mai, d'Antraigues et sa famille quittèrent Venise à la suite du ministre russe. Les premiers jours, tout alla bien : les postes français laissaient passer et même comblaient d’attentions les voyageurs. Ceux-ci, encouragés par cet accueil, crurent pouvoir traverser Trieste ; mais là, le soir du 21 mai, leurs voitures, arrêtées devant la principale auberge, furent entourées de soldats. Mordvinov et sa suite durent descendre, sans qu'on voulût examiner leurs passeports, et ils furent aussitôt conduits au quartier général. Là, le général Bernadotte se montra à eux au milieu d’un nombreux état-major, et le dialogue suivant s’engagea :
« BERNADOTTE. — Est-ce vous, monsieur, qui vous dites ministre de Russie? MorpuiNou. — Oui, monsieur, comme le constate
mon passeport, et je proteste hautement contre l'indignité du traitement qu'on me fait subir au mépris du droit des gens.
BERNADOTTE. — Quoique vous soyez le ministre d'une puissance ennemie de la république francaise, on aura pour vous tous les égards que comporte la circonstance; mais il doit se trouver dans votre suite une personne suspecte à mon gouvernement. Voudriez-vous me dire les caractères de celles qui la composent?
MorpuiNov. — J'ai avec moi un conseiller et un secrétaire de légation, un gentilhomme attaché à ma mission, un consul général et un major.
BERNADOTTE. — Je vous somme, monsieur, de me déclarer le nom de la personne que voilà (en montrant d'Anfraigues).
Morovixov. — Je croirais manquer à la dignité de ma
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