Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

168 CHAPITRE QUATRIÈME.

tion, et dit que M. le duc d'Orléans était un homme au-dessous du médiocre, qu’il l'avait examiné et jugé; que M. Dumouriez pensait de même sur ses talents, quoi qu’il en ait dif, et que jamais cet homme ne pouvait rien être en France ; au lieu de rallier les partis, il était odieux à tous, excepté à Sieyès et à Reubell. Vignolles fut de son avis.

« Quatre jours après cette conversation, le 21 juillet, au moment du départ de M. Kilmaine pour Paris, j'allai lui dire adieu, et il me reparla de la conversation du 16, et me dit qu'il y avait quelques généraux dans les idées de Dumas, mais que l’armée serait très opposée à ces folies, et que Berthier, qui avait souvent apprécié le duc d'Orléans, devait avoir donné ses idées à M. Bonaparte (1). »

IV

L'ÉVASION. —— LA DISGRACE,

Dans sa prison dorée de Milan, d'Antraigues attirail de loin les regards de ses amis et de ses ennemis Louis XVIIL s'inquiétait vivement de son sort, et voyait dans sa captivité une cause presque inévitable d’incidents ficheux et de surprises désagréables. Quelquesuns insinuaient qu'il s'était fait prendre pour s'aboucher plus facilement avec le conquérant de Venise. Si prompts que fussent les émigrés aux illusions, celle-là était trop forte pour durer, et Louis XUIIT s’employa de son mieux à la délivrance d’un serviteur important et jugé toujours

(4) D’Antraigues à Thugut, 17 octobre 1797. (A. V.)