Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

L'ÉVASION.

A DISGRACE. 169

fidèle. Il demanda au cabinet autrichien d'introduire cette affaire dans les conférences qui se tenaient à Udine pour la paix. Thugut promit d'assez mauvaise grâce d'agir, en insinuant qu'il rendrait ainsi Le bien pour le mal. Ses assurances étant restées sans effet, Saint-Priest hasarda une nouvelle démarche. On lui répliqua en lui montrant les gazettes qui annonçaient la translation de d'Antraigues à Paris.

La nouvelle était fausse; ce qui ait vrai, c'est que le ministre Delacroix, sur l'avis péremptoire de Bonaparte, avait essayé de prendre et d'imposer au Directoire une résolution équitable et définitive. Il avait rédigé un rapport déchargeant d’Antraigues du fait d'émigration et d'espionnage et le déclarant, en raïson de son titre russe, couvert par le droit des gens. À ce rapport il avait joint un projet d'arrêté pour sa mise en liberté. Seulement, le 18 juillet Talleyrand remplacça Delacroix au ministère et, en sa qualité de vieille connaissance de d'Antraigues, Jui rendit le mauvais service de faire renvoyer l'affaire, pour plus ample informé, au ministère de la justice; c'était ajourner indéfiniment la décision préparée.

Bonaparte était alors près de quitter Milan. Ne recevant aucune instruction de Paris, et importuné par la présence d'un homme dont il avait tiré tout ce qu'il voulait, il lui laissa soupçonner, il lui fit peut-être entendre à mots couverts par Joséphine qu'on fermerait les yeux sur les préparatifs de son évasion, puis sur l'évasion elle-même.

En conséquence, au commencement d'août, il procura de nouveaux adoucissements à sa détention. Il l’autorisa à aller librement par toute la ville, et notamment à la bibliothèque de la Brera, ne lui interdisant que les promenades publiques, et il transporta à une distance inof-

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