Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
174 CHAPITRE QUATRIÈME.
mettante, et, devenu libre, avait formellement renouvelé (13 septembre) cette assurance. Il ne connaissait, disait-il, la conversation que comme l'œuvre d'autrui, contredite et réfutée par lui à chaque ligne, traitée par Bonaparte d’ineptie. On parut le croire un moment : Louis XVIII se réjouit publiquement de voir délivré ce serviteur ardent et fidèle (1), mais en même temps il lui fit écrire par d’Avaray une lettre propre à lui arracher une explication nette (2). « Bonaparte, lui disait-il, prétend vous avoir pris une pièce, vraie ou fausse, et dans le premier Cas, certainement altérée. Imprimez done, publiez qu’elle concerne Bonaparte autant que Pichegru, et qu'on à tronqué des faits pour choisir une victime entre deux généraux vendus au royalisme. »
Cette lettre, à laquelle d’Antraigues, on le comprend, devait bien se garder de répondre, partie, des témoignages fàcheux surgirent de divers côtés : « Je tremble, écrivait l'abbé de Jons, qu'il ne soit coupable de làcheté et de perfidie; les apparences ne sont pas pour lui; il n°y a qu'un cri contre lui; il aura bien de la peine à se laver (3). ” De Neuchâtel, Fauche-Borel faisait savoir qu'il avait reçu de d’Antraigues pour l'impression une déclaration datée du 29 août, où figurait en toutes lettres, comme enlevée dans le portefeuille, une « conversation avec M. de Montgaillard ». Fauche voulait avoir, avant d’imprimer, l’assentiment du cabinet royal, car «il n’y 4 pas
(4) Louis XUIII à Saint-Priest, 1% septembre 1797. (D# BarRanTE, Lettres et instructions de Louis XUILI au comte de SaintPriest, p. 29.)
(2) Gette lettre est imprimée dans JuxG, Bonaparte et son €2mpS; t. IL, p. 196-198.
(3) L'abbé de Jons au roi, 29 septembre 1797 (A.F., France, vol. 610.)