Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

L'ÉVASION. — LA DISGRACE. 177

sion, dont il devait jouir encore près de dix années.

Du côté du roi Louis XVIII et de l’empereur Paul, ses deux maîtres en titre, il ne savait trop alors ce qu’il devait attendre. De Blankenbourg, il ne voyait plus venir aucune nouvelle. Quatre fois il écrivit, sous prétexte de rendre compte de sa conduite, en réalité pour obtenir une réponse propre à le rassurer. Ce ne fut qu'au commencement de février 1798 qu'il reçut de son oncle Saint-Priest, alors un des conseillers du prince, trois lignes lui annonçant sans autre explication l'interdiction de toute correspondance avec lui. Sur un nouveau plaidoyer de sa part, arriva une lettre royale, en date du 24 février, lui notifiant, avec les motifs à l'appui, sa disgrâce, et lui défendant de publier quoi que ce fût à ce sujet.

D'Antraigues eut beau se débattre et plaider les côtés accessoires de la question. S'il était entré en relation avec Montgaillard, c'était, rappelait-il, sur les ordres exprès de La Vauguyon. Ce souvenir était malencontreux, car La Vauguyon avait subi avant lui la disgrâce royale. Il avanca, ce qui était plus hardi, qu'il avait dû, pour le bien du service, emporter la conversation dans ses papiers. Bref, il soutint n'avoir aucun tort, ef annonça un mémoire autobiographique où il devait mettre en lumière ses services et l'ingratitude dont il avait été payé par l'injustice de ses maitres, devenus ses ennemis. IL continuait cependant à voir l'agent du roi à Vienne, La Fare, l'ancien évêque de Nancy, et faisait attester sa fidélité inviolable aux bons principes. La Fare, de son côté, s’efforçait de le calmer et de lui arracher, conformément aux intentions royales, une promesse de se taire. Il reçut enfin (13 mars 1798) une déclaration où on lisait : « Je serai toute ma vie un sujet fidèle; le devoir