Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
à VIENNE. — THUGUT, VANNELET (1798-1800). 191
Londres avec le secrétaire d'un ministre, et à Milan avec un agent de la propagande révolutionnaire (1). LenoirLaroche devait finir comte de l'Empire, dans la Chambre des pairs de Louis XVIII.
La question des finances, au lendemain de tant de confiscations, au milieu de la succession des banqueroutes et du déluge des assignats, était pour le Directoire une question de vie ou de mort. Vannelet voyait à l'œuvre le ministre Ramel; conférant souvent avec lui, il pouvait fournir sur les opérations quotidiennes de la Trésorerie les renseignements les plus précis. IL savait les contributions directes partout de dix-huit mois en arrière, les villes ne laissant rien arriver aux départements, ni les départements à Paris. Depuis quatre ans n'avait-il pas dû payer quatre fois la facture totale de la réparation des chemins en Provence et en Dauphiné? « Il y a 232 caisses dépendantes de la Trésorerie. Il y à six mois que la mieux en règle n’a jamais rendu de comptes. Il y en a qui depuis 1794 n'en ont jamais rendu. I y avait le 11 brumaire an VI la totalité d'un an de revenu en arriéré. Depuis la Convention l'impôt direct n’a jamais produit le quart de sa valeur nominale... (2). >
Il fallait done que la guerre pourvüt à ce déficit grossissant, et que le gouvernement vécût des contributions arrachées aux pays conquis ou à conquérir. « Nos finances, dit encore Vannelet, vivent des ossements de la Hollande, qui est elle-même ruinée. » Il sait tout ce que la Suisse envahie a fourni, et il a recu, durant
(L) Ici aussi il y à lieu de comparer avec Mallet du Pan. (Gorrespondance avec la cour de Vienne, t. II, p. 306.) (2) Lettres des 21 décembre 1798 et 5 mars 1799.