Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
192 CHAPITRE CINQUIÈME.
l'automne de 1798, une mission dans ce pays pour hâter la rentrée des taxes de guerre et mettre un peu d'ordre dans l'administration. Il s’est contenté d'étudier l'esprit publie, et, en repassant en Alsace, il a levé beaucoup de séquestres et pu alléger ainsi la misère des honnêtes gens. Dans les états de finances dressés pour l'an VIT il a lu les recettes escomptées sur les invasions prochaines, et à contre-cœur il tire de sa caisse les sommes destinées à la propagande révolutionnaire. Il a dû fournir une partie des fonds pour la descente manquée en Angleterre et pour l'expédition d'É gypte, mais il a esquivé l'ordre d'envoyer 1,400 louis aux émissaires en Toscane, et, sur l’injonction d’expédier deux millions de numéraire en Irlande, il s'est avisé de rejeter cette dépense sur les fonds du ministère des relations extérieures : « Assurez Pitt, écrit-il à d'Antraigues, que je ne donnerai pas 24 sols (1). »
La France courait alors au-devant de la coalition européenne. Le Directoire était entrainé par Barras et Reubel et Merlin, secondé timidement par La Réveillère, étant seul Habehemett pour un système pacifique, la guerre générale était proche. Vannelet, la voyant venir, s’occupait prudemment de placer 1,500,000 francs, la plus grande partie de sa fortune, en Angleterre et en Amérique.
Sieyès était parti récemment pour Berlin, avec la volonté de travailler au maintien de la paix. Vannelet avait surpris ses instructions et les avait fait passer aux ministres de Frédéric-Guillaume ; ici, du moins, l’intention explique à un certain point l'abus de confiance, car Vannelet était partisan de l'alliance prussienne, à la
(1) Lettre du 18 avril 1798.