Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

202 CHAPITRE CINQUIÈME

cette nouvelle coalition dont elle devait être la première victime : « Vous, et vous seul, lui écrivait-elle, ne m'avez jamais flattée, et m'avez toujours dit la vérité. » Réfugiée à Palerme en 1799, elle ne put continuer une correspondance dont elle faisait grand cas, mais elle mauifesta sa gratitude à l’auteur par la collation en expectative d’une commanderie de l’ordre constantinien en Sicile, et provisoirement par une pension équivalente au revenu de cette commanderie; et elle l’employa directement, quand elle fut elle-même arrivée à Vienne (août 1800).

Elle était venue avec l'espoir d'associer plus étroitement les intérêts de son mari à ceux de l’empereur sun gendre. Son ancien correspondant devint alors un de ses négociateurs officieux, et elle appela la Saint-Huberty « ma chère comtesse » avec autant d'abandon qu'elle avait traité d’amie lady Hamilton. D'Antraigues flatté manœuvra de son mieux pour la servir auprès des membres du conseil impérial. Quand les bruits de paix entre Naples et la France vinrent jusqu’à lui, il fournit à Ja reine, comme en 1796, des objections qui ne prévalurent pas contre la frayeur d’Acton et de son maître. L'un et l'autre s’efforcèrent de rendre moins onéreuse à l'État napolitain la paix imposée par Bonaparte au roi Ferdinand, et, décus là encore, aigris et irrités par le sentiment de leur défaite et de leur impuissance, ils n'eurent plus qu’à nourrir en commun leurs haines.

Parmi les personnes que la politique ou simplement le bel esprit avait mis en rapport à Vienne avec d'Antraigues, on peut citer le prince de Ligne, le coadjuteur de Mayence Dalberg, les ministres de Naples et de Bavière (Giansante et Wickemburg), et surtout le ministre de Suède Armfelt. Armfelt fut pour lui, dans