Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

A DRESDE.—CZARTORYSKI, COBENZL (1802-1804). 211

III

A DRESDE. — CZARTORYSKI, COBENZL (1802-1804).

Au milieu de 1801, d’Antraigues fut surpris par une désagréable nouvelle : Razoumovwsky allait revenir en Autriche, toujours comme ambassadeur. Ce diplomate se considérait 1à comme dans son pays; ses alliances de famille, ses relations de société, ses libéralités et jusqu’à ses dettes faisaient de lui par leur importance un personnage, même à Vienne. D'Antraigues voulut au moins tirer parti de sa déconvenue pour améliorer, par un changement de résidence, sa situation officielle.

« On n’a promis, écrivait-il à Pétersbourg, que jamais je ne serais employé sous les ordres de Razoumovsky. Que vais-je devenir? Un simple sujet russe à Vienne, en apparence protégé, et en secret tracassé et espionné. L'ambassadeur verra en moi un surveillant, un censeur, une sorte de rival honteux. Si mes rapports confirment les siens, je deviens inutile; s'ils les contredisent, ce qui est probable, car il est Autrichien autant que Russe, et si l'on m'écoute, il sera forcé d’agir en un sens opposé à celui de ses propres dépêches. » D’Antraigues demandait, en conséquence, à faire partie d’une autre légation; celle de Stockholm, où était transféré Kalytchev, lui eût particulièrement convenu (1).

trompé. Je n’ai jamais exigé de voir l’original dont il faisait l’extrait qu'il ne n'ait procuré cette satisfaction. » (D’Antraigues à Czartoryski, 25 janvier 1803. (A. P.) — D'Antraigues à Cobenzl, 2 mai 1805. (A. V.)

(1) Mémoire sur Razoumovsky, 20 juin 1801. (A. F., France, vol. 634, fs 235 et suiv.)