Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
218 CHAPITRE CINQUIÈME.
intérêt à s'occuper des affaires du Nord, d'autant plus que, peu de temps après, il se trouva mêlé, pour le compte de l'Autriche, aux tentatives de cette puissance en vue d’un rapprochement avec la Russie. Après la paix de Lunéville, le nouveau chancelier autrichien Cobenzl envoya Stadion à Pétersbourg, afin de frayer les voies à une nouvelle coalition. Désirant se rendre Czartorÿski favorable, et sachant d’Antraigues en faveur auprès de cet homme d'État, il rétablit avec ce dernier les relations rompues par Thugut, lui fit octroyer une pension de mille ducats, et lui expédia Jean de Müller.
Müller, devenu conservateur de la bibliothèque impériale, travaillait rarement à la chancellerie; sa conduite privée le mettait à la fois à l'écart des affaires et à la merci de ses protecteurs (1). Une liaison suspecte avec un jeune fripon, suivie d’un procès entre eux, l'avait fortement compromis et plus qu’à moitié ruiné, et cet homme, que son principal biographe déclare étranger alors à toute politique, était prêt, pour racheter le scandale attaché à son nom, à rendre n'importe quels services. Il fut donc chargé de décider d'Antraigues à agir à Pétersbourg dans le sens du système autrichien, système défensif, mais défiant vis-à-vis du nouvel empire français. Cette mission accomplie, il devait passer à Berlin et s'y employer à une tâche semblable.
jour, jamais je n'ai écrit ni reçu aucune lettre, aucune nouvelle directe ni indirecte de la reine de Naples, etje ne lui ai jamais écrit.» (D’Antraiques à Czartoryski, 20 janvier 1806.)
(L) Fourier, Gentz und Cobenzl, note de la p. 125. — Get auteur a imprimé dans les Pièces justificatives de son livre (p. 224233) quelques parties de la correspondance entre Cobenzl et d'Antraigues. Cette correspondance, aux Archives de Vienne, comprend quarante-huit lettres, d'avril 180% à octobre 1805.