Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
L'AMI ET L'AMIE DE PARIS. 227
ses serviteurs, Duclaux et Delmas, entraient en 1802, un peu sur sa recommandation secrète, au Corps législatif. Le général Suchet, le frère de son ancien marchand de soie à Lyon, avait vécu sur ses terres, et lui faisait encore offrir en 1804 ses respects et ses services. Le général Mathieu Dumas, un autre compatriote, devait aussi l'avoir connu. D'autres s'exposèrent pour lui être utiles, et lui témoignèrent activement leur fidélité. Il les nomme, dans ses lettres à Czartoryski, l'ami et l'amie de Paris.
Le premier, ainsi que Vannelet, avait eu pour protecteur, et il s’en vante à plusieurs reprises, le grand-père de d’Antraigues à Montpellier. Est-ce vraiment Vannelet qui reparait ici, et qui a toujours l'oreille des puissants, sous le Consulat comme sous le Directoire? En tout cas Jui-même a fait sa fortune dans l'administration militaire en qualité de fournisseur et commissaire ordonna teur, et il jouit, sur ses vieux jours, sans titre officiel, de la confiance de Talleyrand; il sert d’aide et de suppléant à un homme qu'il a formé et élevé, Durant, premier commis des relations extérieures. Comme Vannelet, il a rompu avec ses premières affections politiques depuis la mort de Louis XVI, mais l'oubli du passé ne l’a rendu ni indulgent, ni même sympathique aux hommes et aux choses du présent. Seulement au désir de conserver les millions qu’il possède se joint un souci bien entendu de l'avenir de ses fils. Comme Vannelet, il aime intriguer par delà les frontières, il profite et il abuse de sa situation pour insinuer au loin des idées plus favorables à
ques. Étant secrétaire du club des Jacobins en 1793, il avait su dérober et faire passer à son compatriote, moyennant vingt-cinq louis, le plan détaillé d'Angely pour exciter la guerre civile en Russie. (Voir plus haut, p. 102.) C’est du moins ce que raconte Lizakévitch dans une de ses dépêches à Osterman. (A. M.)