Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
L'AMI ET L'AMIE DE PARIS. 233
nelle. Par suite de ses liaisons avec une tante de Mme Bonaparte, Mme de Copons, veuve d'un magistrat de Perpignan, elle recueille à distance les secrets qu’elle n’a pu surprendre par elle-même dans l’intérieur des Tuileries. Elle ne regrette point les Bourbons, et partage contre le comte de Provence la répulsion de la feue reine. Si elle admire tant Georges Cadoudal, c’est un peu parce qu'il est mécontent des princes. La Déclaration de Calmar lui semble bonne à faire des « papillotes », et si par hasard Louis XVIII était rétabli, apportant avec lui la promesse d'une paix générale et stable, elle se proclamerait sa fidèle sujette, puis s’exilerait pour toujours en Russie. En ce moment son horreur de la guerre comme ses instincts d'ancien régime la rendent hostile à l’établissement impérial qui se prépare; elle refuse d'accepter de Joséphine des présents qui engageraient sa fidélité, et elle fuit à la campagne pour ne pas être témoin des premières solennités de l'empire. Enfin, trait commun avec l’emi, elle ne voudrait pas qu'un seul mot de ses révélations fût communiqué aux Bourbons.
Entre Paris et Dresde, la correspondance était assurée du secret; car elle passait par les courriers officiels français, alors fréquents, à cause des conférences de Ratisbonne au sujet des sécularisations. D'Antraigues la faisait prendre à Francfort; pour lui, il écrivait directement à Paris, mais, comme jadis Brotier, en un style à double sens, et à l’adresse d’intermédiaires. Entre Dresde et Pétersbourg, il y eut au début des indiscrétions commises, les lettres transcrites en blanc ayant été ouvertes et lues au passage, principalement à Berlin. Elles furent alors en partie chiffrées, et des courriers spéciaux les portèrent jusqu’à la première poste russe, à Radziwilov.
En 1804, un secrétaire fut attaché par Czartoryski à