Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
LE PREMIER CONSUL ET SA COUR. 237
vaincu, car leur œuvre, qui aboutit en 1814, demeure tristement inséparable pour nous de l’invasion et du démembrement de la patrie.
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LE PREMIER CONSUL ET SA COUR.
Essayons de tirer de cette correspondance quelques faits nouveaux, d'autant plus précieux qu'ils n'étaient point destinés au public. Ce qui servait secrètement à l'instruction d'un ministre et d’un souverain ne doit point être perdu pour l’histoire.
Bonaparte est évidemment par lui-même, par les instruments de son pouvoir, par ses actes, le principal sujet de cette correspondance. L'ami a recueilli plus volontiers les traits de son caractère, l’amie les manifestations de l'opinion à son endroit.
Selon l'ami, le maître du jour est un homme violent, brutal, entrant en fureur à la moindre contradiction, jusqu’à avoir la fièvre; on ne peut le conseiller avec fruit que par surprise. S'il s'empare des idées des autres, il croit ensuite qu’elles lui sont venues, et n’en veut plus démordre. Voici deux scènes significatives, à ajouter à tant d’autres, où s’est trahi le Corse, toujours prêt à s’insurger, même contre l'impossible.
La première a eu lieu en juillet 1803. Bonaparte faisait discuter en sa présence un plan de descente en Angleterre. Ce plan souleva de graves objections; Berthier exprima fortement les siennes. « J'y étais avec Talleyrand. J'entendis la fin du discours de Berthier, et vis la fureur de Bonaparte. Elle fut horrible ; sa femme vint, la