Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

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L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE (1789-1790). 7:

de deux cents pages. D’Antraigues envoya de Lausanne une défense assez embarrassée, où, sans nier les propos qu'on lui attribuait, il s’appliquait à en restreindre la portée; tout en revendiquant la liberté de son opinion, il protestait de sa soumission à la loi. L'affaire n'eut pas d’autres suites.

Son congé expiré, d'Antraigues écrivit au garde des sceaux pour en solliciter le renouvellement, et, faute de réponse, le prolongea indéfiniment. Désespéré de la marche des événements, il trouvait dans sa santé un prétexte plausible à sa retraite.

Ce qu'il pensait de l'immense révolution légale en voie de s’accomplir, ilessaya de le dire par sa brochure : Quelle est la situation de l’Assemblée nationale? Là, tout en proclamant de nouveau l'ancien régime un despotisme vermoulu, en appelant même l'abolition des privilèges un bienfait, il montrait désormais aux prises deux partis, l’un qu'on accusait de vouloir tout détruire, l’autre qui était censé vouloir tout arrêter. Il proposait, à l'exemple de Cazalès, de sauver les institutions encore debout comme les réformes acquises, d'appeler une autre législature, des députés chargés de reviser en 1791 l'œuvre compromise et avortée dès 1789. Fier d’être resté fidèle à son mandat, il n’en tressaillait pas moins de loin au spectacle de l'enthousiasme monarchique réveillé par les fêtes de la Fédération. Il se disait prêt à repasser, s’il le fallait, le seuil de l'Assemblée. Le 21 mai 1790, il envoya son adhésion à la Déclaration du côté droit touchant la religion (1% avril), et sa protestation publique contre tous les actes de l’Assemblée, datée du lendemain de la clôture des séances, atteste qu'il s'était regardé jusqu'au bout comme député de la noblesse du Bas-Vivarais.