Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)
En Lu
Cest alors que s’élabora la base rationnelle de toutes ses idées politiques ultérieures, base inébranlable dont la solidité résista à toutes les tempêtes, et qui assura une unité morale à cette vie d’apparence si bigarrée. Nous voulons parler de la formation rationaliste de Gentz. On objectera en vain qu’un grand revirement se produisit en lui dès 1791 et qu’il brûüla ensuite ce qu’il avait adoré. Ce revirement n’altéra en rien la base philosophique de ses idées. Il n’est pas exagéré de dire que Gentz a attaqué la Révolution française pour les raisons qui l’avaient d’abord amené à la défendre.
Plus tard encore, cet adversaire de la Révolution affecta dans sa vie privée une manière d'agir révolutionnaire. C’est lorsqu’en pleine maturité, ayant presque atteint la quarantaine, il se déracina volontairement et émigra de Berlin à Vienne, Il désirait alors se renouveler tout à fait, rompre ses attaches prussiennes, faire table rase du passé. Or, c’est une entreprise plus difficile encore lorqu’il s’agit d’un être humain que lorsqu'il s’agit d'une constitution, et il ne put pas réaliser l'impossible. M. Guglia fait remarquer qu'après 1803 on trouve à peine dans sa correspondance une allusion aux quarante premières années de sa vie. Ce n’est pas une raison pour douter de l'influence prépondérante qu’elles ont eues sur ses idées. Gentz donne bien Pillusion qu’il était devenu un autre homme.