Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

__—

facile d’ailleurs à prêcher qu'à suivre, comme il l’avoue lui-même ingénûment!. Mais les lettres à Elisabeth Graun, intéressantes en ce qui concerne la vie intérieure de Gentz, ne nous renseignent guère sur ses idées politiques. Il est du reste à peu près impossible de parler ici de conception politique. L’Aufhlärung est beaucoup plus ou beaucoup moins. (C’est une direction générale de l'esprit humain, c’est, selon Kant, lémancipation des individus de la tutelle autoritaire, de l’Eglise et de l'Etat, un effort de la raison pour ne recourir qu’à ellemême et pour agir résolument sans se laisser diriger par autrui?.

Tout cela n'indique pas que l'Aufhlürung exige un système politique particulier qui dérive nécessairement d’elle. Elle s’accommode aussi bien du despotisme éclairé d’une monarchie absolue 5 que de la

1. CË. Briefe an und von Friedrich von Gentz. Ed. Wittichen, I, Lettre 17, p. 78 et suiv., 8 avril 1786.

2. Kant. Was ist Aufklärung ? 1784.

3. Herder, au nom de l’école historique, reproche amèrement à Robertson d’avoir glorifié la monarchie absolue dans son introduction à l'Histoire de Charles-Quint (Auch eine Philosophie der Geschichte zur Bildung der Menschheit. ) 1774. Herders sämtliche Werke, herausgegeben von Bernhard Suphan, Berlin 1877. Band 5, p. 548 et 546. A la fin du XVIIIme siècle, le type du monarque absolu, imbu des idées de l'Aufklürung, était réalisé en Frédéric II, en Joseph II, en Catherine IT (voir le jugement de Gentz sur ces trois souverains dans son ouvrage: Von dem politischen Zustand von Europa vor und nach der franzüsischen Revolution. Berlin 1801, p. 71-76) et en une foule de petits princes allemands qui les imitaient.