Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

412 LA PRUSSE APRÈS IÉNA,

énerve Les peuples comme les individus. Méditons-les au lieu de jeter à l’univers les noms sonores de Louis XIV et de Napoléon.

Bien des gens estiment naïvement que nous sommes la grande nation et ils nous croient autorisés à nous croiser les bras dans une molle béatitude, en respirant l’encens des étrangers. Quel bonheur d’être Français ! chanteraient-ils volontiers. Cette ritournelle est tout au plus bonne pour l’opéra-comique. Les Hottentots du centre de l’Afrique se disent peut-être aussi qu’ils sont le premier peuple du monde. De leur côté les Anglais à Londres et les Ailemands à Berlin proclament aussi leur supériorité. Qui croire ? A qui donner la palme? Ces contestations de prééminence sontabsolument ridicules; car la vanité est impuissante et stérile quand elle inspire, au lieu d’une salutaire émulation, un sot contentement de soi-même. Aux dixseptième et dix-huitième siècles, la France, par un heureux concours de circonstances, a été en avance sur les autres pays. Nous avons été pendant longtemps les précepteurs du genre humain. Nos opinions et nos modes ont fait loi. Mais les progrès de la civilisation ont à peu près rétabli l'équilibre entre les quatre ou cinq grandes nations qui se partagent le monde. Supérieurs à certains égards, nous sommes inférieurs à certains autres et si nous occupons encore une place