Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt
UN
HIVER A PARIS
SOUS LE CONSULAT
Paris, 8 novembre 1802.
Je suis arrivé à temps pour visiter, avant sa prochaine clôture, l'Exposition de tableaux, dessins, gravures et sculptures, ouverte depuis le 2 septembre dernier.
Supérieure aux exhibitions annuelles de Londres, Berlin et Dresde, elle n'offre cependant qu’un petit nombre d'œuvres récentes d’une valeur exceptionnelle. Le gouvernement s’en était douté, car il avait invité les artistes éminents, David, Gérard, Isabey, Girodet, Regnault, Robert, à envoyer leurs anciens tableaux, afin que l'Exposition ne fit pas trop mauvaise figure devant le public. Grâce à cet appel, j'ai pu admirer plusieurs peintures de Gérard : son tableau l'Amour et Psyché (4), devenu la propriété d’un fonctionnaire; son Bélisaire (2) portant sur l'épaule, à la lueur d’un chaud crépuscule,
(1) Au Louvre : l'Amour et Psyché, exposé pour la première fois au Salon de 1798, appartenait à M. Lebreton, de l'Institut, chef du bureau des Beaux-Arts, à l'Intérieur.
(2) Bélisaire, exposé pour la première fois au Salon de 1796