Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

SOUS LE CONSULAT. 407

j'ai fait la connaissance, les plus instruits, les plus rangés, ceux qui s’occupent d’art et de littérature, ont fait partie de l’ancienne armée de Moreau et forment son entourage actuel. Ils ont dans leur chef un modèle de vertus civiques et de bon sens élevé. En choisissant les officiers qui l’approchent, Bonaparte se guide avant tout d’après les aptitudes purement militaires et le dévouement absolu à sa personne.

Cette fois, ma chronique dramatique sera brève. Le Roman d’une heure (1) n’a pu être achevé aux Français; le parterre a fait baisser le rideau. Un critique remarque avec raison « qu'un roman d’une heure peut être trop long; que les romans sont faits pour les boudoirs, la scène devant être l’image de la vie réelle et lesprit romanesque étant mortel à l’art dramatique. Déjà par le titre l’auteur annonçait une mauvaise pièce; il a tenu parole. »

L’Erreur reconnue (2) a été plus heureuse à Louvois. C’est la contre-partie de l’Abbé de l'Épée de Bouilly, qui est basé sur un fait dont la fausseté a été constatée judiciairement. La procédure suivie à cette occasion forme la matière du drame nouveau. Je le trouve long, fatigant, déclamatoire ; les acteurs seuls ont fait applaudir leur jeu.

(1) Comédie en un acte, en prose, de Hoffmann, le spirituel critique du Journal de l'Empire ; n’a été jouée qu’une fois, le 5 mars 1803. Reprise en 1843 et restée au répertoire jusqu'en 1864.

(2) Drame en trois actes et en prose par les citoyens Gersain et Année; n'a pas eu le succès de l'Abbé de l’Épée de Bouilly.