Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

XXXV

41 mars 1803.

Ces jours derniers ont été exclusivement consacrés à la musique et au théâtre.

Mme Lebrun, l'artiste si distinguée, a offert une charmante fête, avec comédie de société, à ses amis et admirateurs. Mon compatriote Bosse, l'associé de la maison Tourton et Ravelle, a organisé, à mon intention, un quatuor avec Kreutzer comme premier violon, et convoqué d’autres bons musiciens, parmi lesquels Mme Pallavicini (1); le tout couronné par un beau souper. Mme Laval (2), l’excellente harpiste, a donné un concert dans la jolie salle de la Société olympique. À l'Opéra, j'ai entendu, dans Armide, un débutant qui promet; aux Français, Talma, meilleur que jamais dans Venceslas, vieille tragédie de Rotrou , et Mile Duchesnois, remarquable comme Hermione, dans Andromaque (3). À l'Ambigu, drame suivant le nouveau genre

(4) Dans les recueils du temps, il n’est pas question de Mme Pallavicini comme artiste. Peut-être était-ce une dilettante, femme de l'ancien doge de Gênes à qui Napoléon conféra la Légion d'honneur, lors de la création de l'Ordre.

(2) Mme Laval, fille du chanteur Larrivée (Henri), baryton applaudi à l'Opéra de 1755 à 1786.

(3) Le 6 et le 9 mars.